Texte par Stephanie Mercier Voyer

Images par Virginie Gosselin

Alors qu’il en est à la 20e année d’élaboration de son miel biologique, l’apiculteur Anicet Desrochers réalise que lorsque la vie vous gratifie de son miel, il faut en tirer le meilleur parti, surtout quand rien n’est moins garanti.


***

En juin dernier, au moment où il se préparait à récolter sa première miellée printanière, un nectar riche et onctueux ponctué de chaudes notes herbacées, il remarque un phénomène inhabituel. La production était en baisse de quinze pour cent.


«Dans mes 20 années de carrière comme apiculteur, c’est la première fois que je remarque une telle pression sur le biotope». Le biotope des abeilles (ou habitat) est formé de plantes en floraison qui sécrètent nectar et pollen dont les abeilles ont besoin pour produire le miel. Mais lorsque ces végétaux sont confrontés aux sécheresses, aux vagues de chaleur ou de froid ainsi qu’au gel occasionné par les changements climatiques, ils entrent en mode protection et cessent de produire nectar et pollen, ce qui engendre une diminution des rendements de miel. « Auparavant, nous pouvions évaluer les quantités de miel que nous donnerait chaque ruche, aujourd’hui nous n’en avons aucune idée».

« Les changements climatiques nous affectent comme jamais auparavant. »

L’impact des changements climatiques sur les abeilles n’a rien de nouveau. « Nous sommes toujours poussés à en faire davantage avec nos abeilles parce que nous produisons de façon responsable », affirme Anicet. « Mais peut-être devrions- nous prendre un peu de recul, je ne suis pas certain que les abeilles pourront continuer encore longtemps... »


Avec une vision de faire l’apiculture autre- ment que ses parents avant lui, Anicet Desrochers a fondé Miels d’Anicet en 2001. Il reprenait alors la miellerie de son père Claude, lui-même apiculteur depuis plus de 20 ans. Avec sa compagne de vie et partenaire d'affaires Anne-Virginie Schmidt, il poussera à son tour la petite miellerie de Ferme-Neuve à de nouveaux horizons. 20 ans plus tard, le couple possède aujourd’hui une ferme apicole diversifiée, ancrée dans un écosystème de régionalité qu’ils ont eux-même aidé à construire.

L’entreprise embauche 20 employés à 30 temps plein (un nombre qui grimpe à 40 durant les mois d’été) et offre plus de 150 produits dérivés du miel. Ces produits varient du miel brut au pain de miel épicé en passant par les savons à la cire d’abeille et les pommades parsemées de propolis, ce puissant complexe produit par les abeilles dont on dit qu’il combat les infections et accélère la guérison. «Je crois que nos compétences sont vraiment complémentaires », déclare Anne-Virginie à propos de son partenariat avec Anicet. « C’est pour- quoi il nous a été possible de prospérer autant ». Pendant qu’Anicet supervise les petites butineuses, Anne-Virginie s’occupe de toutes les opérations, une fois que le miel, la cire d’abeille et la propolis ont été récoltés, soit la commercialisation et les ressources humaines, la transformation alimentaire et les produits cosmétiques. « Je me souviens avoir dit à Anicet que si nous faisions face à des années de production de miel en baisse, nous serions capables de générer suffisamment de profits pour rester à flot et conserver nos employés ».

***

*Adapté pour en ligne, vous pouvez lire l'article au complet dans le deuxième numéro du Magazine Growers & Co.
×