Nous nous sommes rendus au Nouveau-Brunswick pour rencontrer Alexandre L’Heureux, père de trois enfants, artiste passionné et cultivateur de légumes. Principalement autodidacte, Alex a pratiqué son amour de l’art au travers de nombreuses disciplines artistiques, dont la peinture, le croquis et la sculpture.  

Pourquoi fais-tu ce que tu fais ? Comment as-tu découvert l’art ?

Pour moi, l’art, c’est d’abord des amitiés. Aussi bizarre que cela puisse paraître, certains de mes amis les plus proches le sont devenus simplement grâce au dessin. Quand j’étais jeune, nous vivions sur un voilier où nous passions plusieurs jours à voyager en mer, d’île en île. Ensuite, lorsque j’étais en deuxième année de secondaire et que je vivais en Floride, au lieu d'aller à la récréation comme tous les enfants de mon âge, mes professeurs m’encourageaient à aller dans la classe d'art de sixième année.
Alors, pour la première fois, et pendant presque une décennie entière, j’ai complète- ment arrêté de dessiner. À peu près au moment où j’ai commencé à pêcher le saumon au Nouveau-Brunswick, un de mes amis m’a demandé si je pouvais lui dessiner une mouche à saumon pour une future exposition de pêche à la mouche. Je venais de me faire enlever les amygdales et je ne pouvais pas faire grand-chose à part m’al- longer sur le canapé, alors j’ai accepté de faire le dessin. Le lendemain, mon ami m’a informé qu’il avait vendu tous les exemplaires de mon dessin. Ce même jour, j’ai également fait la connaissance de deux de mes amis les plus proches aujourd'hui. C’est cet événement et la rencontre de ces nouvelles personnes qui m’ont incité à recommencer à dessiner et qui m’ont fait comprendre que ces belles rencontres sont ce qui me motivent vraiment en tant qu’artiste.

Que penses-tu que l’agriculture régénératrice
à petite échelle puisse nous apporter sur le plan mondial ?

Avec les effets de la déforestation, des pesticides, des OGM, des changements climatiques, etc., je pense que nous sommes sur le point de connaître encore plus de problèmes environnementaux directement liés à ce qui se passe avec nos sols. On dit que nous avons atteint le point de non-retour en ce qui concerne nos sols et que, dans 60 ans, il n’y aura peut-être plus rien pour soutenir la culture des aliments. Je ne me soucie pas tellement de ma vie, car je ne serai pas là pour voir le monde s’écrouler si cela devait arriver, mais je me préoccupe de l’avenir de mes enfants et de celui de mes futurs petits-enfants. Je ne veux pas qu’ils souffrent, et cela m’effraie de penser à ce qu’ils pourraient devoir affronter dans un avenir pas si lointain. Je veux faire ma part pour ma famille et pour ma communauté. Je pense que si tout le monde se concentrait un minimum sur cela, le résultat collectif aurait un impact mondial. Lorsque l’on pratique une agriculture à petite échelle, on s’assure de nourrir le sol pour qu’à son tour, il nous nourrisse.

Qu'est ce qui t'a spécifique- ment inspiré pour la création de cette couverture ?

Lorsque Growers & Co. a vu le jour, je venais de me lancer dans l’agriculture et je n’avais pas les connaissances que j’ai maintenant sur les différents problèmes environnement que nous devons affronter. J'avais des difficultés au travail et je me demandais si je voulais continuer à être policier. Ma femme, dans l'espoir d’éveiller en moi une forme de passe-temps qui me ferait quitter le canapé, m’a donné un livre. J’ai donc quitté mon emploi de jour et j’ai commencé à transformer mon terrain, à arracher l'herbe et à la remplacer par des rangs. Puis, un jour, il y a quelques années, alors que je coupais des arbres dans mon jardin pour l’agrandir, j’ai reçu un message sur mon télé- phone. C’était Jean-Martin ! Il me demandait si je pouvais faire un dessin lié à l'agriculture pour un magazine que lui et son équipe étaient sur le point de lancer. Je n'avais aucune idée de ce dont il s'agissait à l’époque, et je suis passé complètement à côté jusqu’à ce que la première édition de Growers & Co. sorte. Puis, l’année dernière, on m’a à nouveau proposé de réaliser la couverture du prochain magazine. Cette fois, je savais exactement quelle idée je voulais présenter ; il s’agirait d’une peinture qui explorerait le thème et la signification du « légume de la vie ». Je l’imaginais avec des feuilles de bette à carde et ressemblant à la planète Terre. J’imaginais qu’il aurait un impact et pousserait réellement la personne qui l’ob- servait à réfléchir au type d'avenir qu’elle souhaite pour ses enfants et pour la planète.

 

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*Ici adapté pour le web. Tu peux lire l'article complet dans la version française du quatrième numéro du Magazine Growers & Co.
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